Les milieux de Martinique hébergent une petite trentaine de libellules et de demoiselles. Cette diversité souvent insoupçonnée mérite que l’on chausse les bottes ou les chaussures de marche et que l’on se mette en route ! Quatre petits tours permettront de découvrir les espèces les plus communes de l’île.
Il suffit de se poster au bord d’une mare et d’attendre un peu. Libellules et demoiselles se dévoileront bientôt aux yeux de l’observateur attentif et curieux.
Micrathyria aequalis, merveilleuse petite libellule dont le mâle brille d’un bleu mat et surveille son territoire perché sur la végétation aquatique, s’observe souvent en premier. Puis apparaît Brachymesia furcata, jolie libellule rouge au tempérament tout aussi affirmé. Bientôt, les yeux distinguent une petite demoiselle, Ischnura ramburii, dont le mâle se reconnaît à sa petite tache bleue en fin d’abdomen, sur le 8e segment. Un peu en retrait de la mare, Brachymesia herbida, libellule brune aux ailes teintées de miel, veille souvent sur les arbustes.
Il suffit de se promener dans les mornes, le long des traces ou dans les fonds. Même loin de l’eau, les libellules chassent, se reposent ou attendent d’être sexuellement matures.
Il n’est pas rare qu’une grande libellule verte et noire, Erythemis vesiculosa, accompagne les marcheurs afin de capturer les papillons et les insectes dérangés au passage. Sur les bas côté, Erythrodiplax umbrata, libellule très commune dont le mâle se repère à ses ailes barrées de noir s’observe perché, tout comme le très bel Orthemis macrostigma, dont le mâle pourpre ou la femelle rouge-orange décollent à l’approche des randonneurs. Enfin, avec un peu de chance, au-dessus des pâtures ou dans les chemins agricoles, il est possible d’avoir la chance d’observer fugacement la plus grosse libellule de l’île, Anax junius.
Il suffit de s’asseoir sur un rocher des rivières d’altitude et d’attendre. Deux espèces seulement présentes sur trois îles des Petites Antilles y sont visibles.
Protoneura ailsa, demoiselle dont la finesse sidère, ne se découvre pas immédiatement. Il faut ouvrir grand les yeux pour repérer les gracieuses silhouettes rouges voleter au dessus des rochers ou à l’ombre des berges. Brechmorhoga archboldi, libellule sombre aux yeux de porcelaine, chasse au-dessus du clapotis des petits rapides, ou se repose, pendu aux flèches des fougères.
Il suffit de s’asseoir, en toute fin d’après-midi, dans une prairie bordée de bois. De belles espèces s’y rencontrent, en vol de chasse, jusqu’à la nuit.
En fin d’après-midi, Pantala flavescens chasse les petits insectes en vol, à quelques mètres au dessus des graminées. Cette libellule jaune est très repérable et elles sont parfois nombreuses au-dessus des pâtures. Elle côtoie alors une belle libellule rouge aux ailes tachées de noir : Tramea abdominalis. Il existe d’autres Tramea, assez proches, mais celle-ci est de loin la plus commune. Enfin, en s’attardant ainsi au crépuscule, on aura peut-être la chance d’apercevoir la longue et fantomatique Triacanthagyna caribbea en action, et d’apprécier sa vitesse et surtout ses incroyables acrobaties…